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  La France devant évacuer Hammaguir en 1967
 
  Les tirs civils de fusées auront lieu en Guyane
 
Le Monde du 29 avril 1965
Jean-Louis Lavallard
 
 
 
Les accords d'Evian obligent les Français à évacuer, à partir du premier juillet 1967, toutes leurs bases au Sahara. Le gouvernement a donc dû prévoir le déplacement de ces centres ou la construction d'autres centres afin de pouvoir poursuivre ailleurs les sériel d'expériences qui avaient été commencées dans le grand désert de l'Afrique. C'est ainsi que le centre d'expérimentation nucléaire sera transféré dans le Pacifique.
En ce qui concerne les essais de fusées, la question est un peu plus compliquée. Il existe en effet au Sahara actuellement une seule base à Hammaguir-ColombBéchar, le Centre inter-armée d'essais d'engins spéciaux (C.I.E.E.S.) où sont tirées les fusées françaises, tant civiles que militaires. Ces deux activités seront disjointes après le départ du Sahara.
Les engins militaires, qui n'ont pas besoin d'être lancés vers l'est, seront mis au point au nouveau centre d'essais des Landes. Quant aux fusées civiles de la recherche spatiale, elles seront lancées d'un champ de tir nouveau situé en Guyane française. La marine, pour sa part, continuera à profiter du champ de tir de l’île du Levant, dont les possibilités, en raison de l'intense activité navale en Méditerranée, sont cependant limitées.
 
 
Si les décisions de construction des nouvelles bases militaires ont été acquises rapidement, il n'en est pas de même des bases civiles de lancement de fusées. On aurait pu demander au gouvernement algérien de prolonger les délais d'utilisation du C.I.E.E.S. mais uniquement à des fins de recherche spatiale. Il ne semble pas qu'il y ait eu de tentatives sérieuses en ce sens. Aussi le Centre national d'études spatiales (C.N.E.S.) a dû proposer au gouvernement divers sites pour y construire le Cap Kennedy français.
Techniquement deux options s'offraient a priori aux spécialistes. Il fallait construire le champ de tir soit en France, soit à l'étranger, ou sur un territoire français non européen. C'est ainsi que fut proposée la construction d'un champ de tir civil dans le Roussillon, à côté de Leucate.
En France, il n'y avait d'ailleurs aucune autre possibilité. Le Roussillon est le seul endroit de l'Hexagone d'où il soit possible de tirer vers l'est, donc en profitant de la vitesse de rotation de la Terre sur elle-même. Les premiers étages des fusées seraient tombés dans la Méditerranée.
Ce projet avait l'avantage de pouvoir être réalisé rapidement et à un coût relativement réduit: l'infrastructure routière et énergétique existait déjà.
Mais cette solution présentait également des inconvénients. D'une part elle gênait le développement touristique de la région, d'autre part et surtout elle ne pouvait être considérée que comme provisoire. La proximité des côtes de l'Italie interdisait de lancer de Leucate des fusées plus importantes que Diamant, le premier lanceur français de satellite. Aussi est-ce avec raison que lors, d'un arbitrage M. Pompidou s'opposa à cette solution.

 
  La Guyane un site idéal
Restaient alors à trouver un emplacement hors d'Europe. Divers lieux furent étudiés : Trinidad, les îles Seychelles, la Somalie italienne, les Antilles françaises, etc. On se rendit rapidement compte que la Guyane française présentait très nettement le plus grand nombre d'avantages. Un coup d'œil sur la carte montre en effet que les tirs vers l'est y sont très faciles. Les premiers étages des fusées retombent dans l'Atlantique, dans une région où, de plus, le réseau maritime est très lâche. Mieux encore, on peut tirer de la Guyane dans presque toutes les directions sans rencontrer une côte proche. Enfin, la Guyane, qui est près de l'équateur, est un lieu idéal pour la mise sur orbite des satellites équatoriaux.
 
 
Diverses autres considérations sont également favorables. Le climat est un des meilleurs de ceux que l'on peut trouver à ces latitudes, il est assez comparable à celui de Dakar: les conditions météorologiques propices aux lancements sont en moyenne assez bonnes, sans être évidemment comparables à celles du Sahara, qui de ce point de vue étaient particulièrement remarquables. La distance de Paris, 7 000 kilomètres, est encore raisonnable. Aucune maladie tropicale n'y sévit.
Toute médaille a évidemment son revers.
Mais les inconvénients de la Guyane sont relativement mineurs. Le plus important est l'absence d'une infrastructure moderne.
 
Il faut y construire des routes, un pont, des habitations, y installer une centrale électrique puissante, allonger la piste de l'aérodrome qui ne peut aujourd'hui recevoir que des avions à hélice, aller chercher l’eau douce assez profondément dans les terres et lutter contre la barre vaseuse qui longe les côtes. Toutes améliorations qui, si elles sont onéreuses, profiteront au pays tout entier.
Grâce à ces divers atouts, ainsi qu'au désir du gouvernement de favoriser ce département d’outremer, la Guyane fut choisie, et la décision d'y construire le champ de tir français fut prise le 16 avril 1964.
Le Centre national d'études spatiales, qui est responsable de la recherche spatiale en France, fut donc chargé d'étudier de plus près l'implantation et la définition des installations à prévoir. Il sera ensuite chargé de leur réalisation. Sur son budget de 1965 un crédit d'étude de 10,5 millions de francs est inscrit à cet effet.
 
 
   
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