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Le CNES en 1970

Le CNES avait sept ans et nous étions sept cents. Nous n’étions pas beaucoup connus du grand public et, à cette époque de guerre froide, l’espace était surtout l’affaire des deux blocs qui dominaient le monde, l’Amérique et l’URSS.

Le satellite SPOT 1Leur rivalité les avait amenés à engranger de beaux succès en envoyant des hommes dans l’espace ou en réalisant de beaux programmes scientifiques.

La rivalité des deux géants de la planète fut un excellent moteur pour avancer rapidement dans cette course vers les étoiles. Elle fut d’ailleurs contagieuse car même la France du président de Gaulle entra dans le jeu. En effet l’une des motivations profondes qui poussa "notre" général à soutenir le développement de Diamant ne fut-elle pas la démonstration qu’il comptait faire, à la face du monde, de la capacité de la France à propulser une fusée intercontinentale…

Il y a cinquante ans, le 26 novembre 1965, la fusée Diamant était donc lancée pour la première fois depuis Hammaguir plaçant la France au rang de troisième puissance spatiale.

Et en ce mois de février 2016 nous célébrerons les trente ans du lancement du premier satellite français de télédétection SPOT-1 depuis Kourou, plaçant à l’époque la France au troisième rang pour la « télédétection spatiale ».

Le satellite LandsatAprès un début tourné vers la science, le CNES se lance dans l’aventure des satellites d’applications

Nous étions donc en 1970. La science tenait une grande place dans notre programme (géodésie avec D1A, Etude de l’ionosphère avec FR-1, etc..) mais notre jeune agence avait déjà pris un virage important dès 1967 en s’orientant vers des programmes d’application : télécommunications, météorologie, collecte de données.

Ayant toujours un œil tourné vers les US depuis ses débuts, le CNES observait l’avancement d’un programme ambitieux qui avait pour but d’observer la Terre ou, comme nous le disions à cette époque, de faire de la "télédétection". Il s’agissait du programme Landsat de la NASA dont le premier satellite devait être lancé prochainement.

Et l’une de ces applications s’appellera la « télédétection spatiale ».

En matière d’observation de la terre il y avait donc une certaine effervescence en France tant du côté civil que militaire. Les industriels qui ne manquent jamais d’imagination proposaient déjà des projets aux uns et aux autres…

Pour être utile un satellite doit remplir une mission qui sert un utilisateur.

Le satellite Key hole du projet Corona

Du côté militaire les choses étaient assez claires : un satellite pour observer des mouvements de troupes ou des installations stratégiques cela avait du sens d’autant que les spécifications de l’engin étaient simples : il suffisait de voir avec la meilleure résolution possible en panchromatique. Le projet Corona américain lancé pour la première fois fin 1959 par le Pentagone n’était pas autre chose.

 

Mais du côté civil les justifications étaient plus floues et moins bien définies. Certes en géologie il y avait un réel intérêt à utiliser des images satellitaires, les géologues s’en étaient tout de suite aperçus lorsqu’ils avaient regardé les premières images de la Terre ramenées par les astronautes au cours des missions préparatoires du programme Apollo.

Mais les autres ? Comment faire comprendre à un agriculteur qu’il peut acquérir des informations sur l’état de ses cultures depuis l’espace ? Comment expliquer que la maladie d’une forêt se voit plus vite au sommet de la canopée que depuis le sol ?

A  l'époque, il n'y avait pas d'imprimante couleur; on imprimait une carte avec des chiffres représentant la couleur de chaque zone puis l'on reportait manuellement les vraies couleurs sur une copie de la même carte.Ensuite il fallait faire comprendre à un agriculteur qu’il pouvait acquérir des informations sur l’état de ses cultures depuis l’espace !Carte traçéeavec des chiffres  ><  La même carte avec les couleurs

Il faut bien dire aussi que ces futurs utilisateurs étaient assez éloignés de l’activité d’une agence spatiale.

C’est pourquoi des agences de recherche (IGN, BRGM, INRA, IFP, CNEXO) et des laboratoires universitaires furent sollicités par le CNES pour participer à un programme d’expérimentations et d’évaluations des techniques d’observations de la terre par capteurs embarqués sur avions. Ce programme avait pour but d’aider à la définition des spécifications d’un programme spatial.

 

Et le CSB (Centre Spatial de Brétigny) entre dans la course

La direction des programmes du CNES qui orchestrait ce travail préparatoire depuis Paris, sous la responsabilité de Alouges, aidé par M.Chevrel, s’est tout de suite appuyée sur une équipe de la direction technique de Brétigny, le CSB, et deux actions y furent alors engagées dès 1971.

La première a consisté à lancer l’étude d’un satellite expérimental de Ressources Terrestres appelé « Caméléon ». A cette époque on ne disposait que du seul lanceur Diamant et la charge utile ne pouvait guère dépasser 150 kg pour une orbite circulaire à 500/600 km. Alors de nombreuses études furent lancées au CSB pour trouver la meilleure façon de construire un instrument de bord capable de réaliser une image dans le visible et le proche infrarouge, en ayant huit ou neuf bandes spectrales et avec une résolution sol de 100 mètres… Des sociétés comme la SORO ou la SODERN furent tout de suite dans le coup. Et de nombreuses études s’ensuivirent pour savoir s’il fallait se lancer dans un système dioptrique ou catadioptrique pour finalement s’orienter vers la solution dioptrique. Plusieurs types d’instrumentation optique furent envisagés dont le « chromotron ». D’autre part, s’agissant d’un projet dont on visait une date de lancement cinq ans plus tard, il fallait s’appuyer sur le réseau de stations existantes pour recevoir les données, c’est-à-dire les stations VHF ou UHF… Autant dire que cela posait bien des problèmes pour la transmission en temps réel (il n’y aurait pas d’enregistreur de bord) compte tenu du peu de temps disponible en visibilité depuis la station et sachant qu’il fallait au moins une cadence de réception de 250 Kbits/sec. Le brouillage était important dans ces bandes de fréquences et leur capacité de transmission faible. A la fin 1972 on envisageait tout de même l’utilisation des bandes L et S et un stockage à bord des images… Bref, toutes ces questions occupèrent notre temps durant les quelques mois qui restaient avant le transfert du centre à Toulouse…

J.B. DementhonLa seconde action fut confiée à la division "Opérations" dirigées par Jean-Bernard Dementhon, qui reçu la mission de réaliser les premières expérimentations de télédétection au CNES.

À cette époque je venais de quitter la station de contrôle de Brétigny (CSB), entièrement passée sous le contrôle de la SODETEG en 1970, et où j’y avais dirigé une belle équipe opérationnelle faisant du 24/24 pour suivre les premiers satellites français ainsi que ceux du Canada. J.B. Dementhon, chef de la division Opérations, m’avait alors affecté dans l’équipe Symphonie pour préparer les opérations liées à ce projet mais je commençais sérieusement à m’y ennuyer.

Le groupe était dirigé par un allemand qui n’avait jamais fait de spatial et il ne se passait rien à part de la "réunionite".
Dementhon ayant vite compris mon désœuvrement me convoqua un jour et me dit « vous allez prendre en charge les activités de télédétection que la direction des programmes vient de confier au CSB ». C’est la première fois que j’entendais ce mot et le lui fit répéter…

Très vite je constituais une équipe qui allait réaliser les premières opérations de télédétection aéroportées à partir des avions de l’IGN (le Hurel Dubois et le B-17).

Je n’eus pas le plaisir de piloter la toute première campagne aéroportée de télédétection car Dementhon m’avait aussi confié une autre mission : la direction de la campagne "Dioscures" qui se tint en Septembre et Octobre 1970 à Aire sur Adour.

Le projet DIOSCURES fut une première tentative d’application des satellites à la navigation aérienne. Ce projet, conçu initialement au moyen d’une coopération entre le CNES et la DNA, prit au milieu des années soixante-dix une dimension européenne, avec le projet AEROSAT 1 , puis mondiale au terme d’un accord entre l’Europe et les Etats-Unis. La dénonciation de cet accord par ces derniers en 1974 mit fin au projet.

 

 

 

Et si nous allions faire un tour du côté de nos amis américains… N’ont-ils pas dix ans d’avance !

En 1970 une institution faisait référence au plan international pour les recherches et la promotion de la télédétection, c’était l’ERIM (Environmental Research Institute of Michigan). A cette époque, à l’approche du lancement du premier Landsat, l’ERIM était le sanctuaire de cette discipline naissante et tout le monde se précipitait au fameux congrès annuel d’Ann-Harbor.

Aussi en mai 1971, A. Alouges eut la bonne idée d’y organiser une mission pour aller se former à la télédétection. Accompagnés des premiers "investigateurs" français Alouges et moi nous y rendîmes durant trois semaines avant le congrès pour participer à un cours sur la télédétection organisé conjointement par l’ERIM et la NASA.

Pr Long, A.Fontanel, L.Laidet faisant une pause à l’ERIM (Ann-Harbor 1971)Là nous avons été initiés par des spécialistes de l’ERIM et de la NASA qui avaient une belle expérience dans l’utilisation des données de télédétection.

Aimé Alouges (à droite) accompagné du Pr Alias (université de Montpellier) à Ann-Harbor en 1971

Ce séjour fut très riche pour les nouveaux venus que nous étions, et le symposium international qui suivit nous montra la variété des applications.

L.Laidet et le Dr Fred DOYLE (USGS - Président de l’ISPRS)De belles perspectives s’ouvraient et, tout comme les premiers agents du CNES avaient appris en 1962 à faire des satellites aux Etats-Unis (NASA-GSFC), c’est aux États-Unis encore que, huit ans après nous étions les premiers français à être formés, cette fois à la télédétection…

 

Les dix années qui suivirent furent de belles années de découvertes et d’apprentissage.

Je commençais par créer un groupe de travail appelé GERT (Groupe Expérimentation Ressources Terrestres) composé de trois entités : un responsable capteurs avec A. Goebbels, un responsable du traitement des données avec J.-L. Bessis et un responsable des opérations aéroportées avec Brévignon.

Trois campagnes aéroportées furent réalisées entre juillet 1970 et Juin 1971, et ce fut le Hurel-Dubois (le HD-34) de l’IGN qui fut utilisé à cet effet. Avion aux longues ailes très fines (on le surnommait le « coupe papier »), qui lui donnaient une bonne stabilité durant le vol.

Le Hurel Dubois 34 était caractérisé par son aile à grande allongement. Son envergure était de 46 mètres soit celle d’un AIRBUS !! Sa consommation é croisière était de 600 l/h. Sa grande stabilité et son autonomie de 12 heures de vol lui permettait d’effectuer des relevés cartographique. Il fut utilisé à travers le monde et principalement en Afrique par l’institut géographique nationale ( IGN ) jusqu’en 1985.

Mais il avait le grand inconvénient de n’avoir aucune protection phonique ce qui rendait infernal, durant le vol, la position des techniciens qui opéraient sur les instruments installés dans l’axe des moteurs…

Nos premiers capteurs de télédétection furent assez rudimentaires : une batterie de quatre Hasselblad qu’Alouges avait imaginée et confectionnée dans son garage, et un « scanner » infrarouge thermique, (un « balayeur » m’avait ordonné de dire Lise Blosset au congrès IAF - Fédération Internationale d’Astronautique -  de Bakou en 1973 lorsque j’y avais présenté les premiers résultats de nos travaux…) réalisé par la SAT, le fameux Cyclope qui travaillait dans le moyen infrarouge.

Quatre campagnes ballons furent réalisées depuis Aire-sur-Adour, entre avril et novembre 1971, avec une nacelle développée par le LRBA (Laboratoire de Recherches Balistiques et Aérodynamiques)  et acquise par la SEP (Société Européenne de Propulsion). Dans la nacelle étaient embarquées  deux caméras photographiques (Panchromatique et IR-couleur)  ainsi qu’un photomètre.

Les premières campagnes aéroportées totalisèrent 165 heures de vol et fournirent 14.000 clichés et 60 bandes magnétiques enregistrées…

 

A la fin octobre 1971 un symposium fut organisé par le CNES au cours duquel les « investigateurs » qui avaient bénéficié des données obtenues au cours des premières campagnes aéroportées présentèrent leurs premières interprétations et leur retour d’expérience.

 Blagnac: photo depuis un ballon à 40 kmBlagnac: photo depuis un B 17 à  3,6 km

Intervenant en début de séance pour présenter les campagnes réalisées les deux dernières années, j’ai projeté sur l’écran une vue de l’aéroport de Blagnac prise par ballon stratosphérique à 40.000 mètres et une photo prise par la caméra métrique de l’IGN à 3600 mètres et pour conclure j’avais osé annoncer que « dans quelques années un satellite pourra être en mesure de produire un document photogrammétrique de même qualité que la camera métrique de l’IGN pour faire de la cartographie ».

A la sortie de cette première session je me fis incendier par des « purs » photogrammètres de l’IGN. Mais au premier rang étaient assis notre directeur général, le général R. Aubinière (assis aux cotés de du DG de l’IGN, G. Laclavère),  qui me remercia chaleureusement pour le travail accompli.

A cette occasion il convient de souligner ici que l’IGN était le sanctuaire de cette belle science que l’on nomme la « photogrammétrie », l’art de mesurer la terre sous toutes ses formes et de la représenter dans des référentiels cartographiques.

Louis Laidet avec à  sa gauche et au premier plan, le maire de Toulouse,  Louis Bazerque et Gérard Bapt, Député

Héritage des grands cartographes français, à commencer par les Cassini, mais aussi de celui qui sut établir les premières règles de cette discipline: Aimé Laussedat. Ce scientifique, reconnu et honoré dans le monde anglo-saxon mais méconnu en France, fut le créateur de la photogrammétrie et de l’art d’établir des cartes à partir des photos aériennes.

 

Le CNES crée sa première filiale : le GDTA.

A cette époque le CNES et l’IGN reconnaissaient déjà la nécessité de se rapprocher pour mettre en commun leurs moyens et leurs expertises complémentaires pour avancer dans ce nouveau domaine.

C’est ainsi qu’en 1973 M. Bignier et R. Mayer, respectivement DG du CNES et de l’IGN prirent l’initiative de regrouper les moyens de leurs établissements dont les missions étaient complémentaires :

le CNES cherchant à élaborer un programme spatial d’applications, l’IGN exprimant un besoin d’utilisation des techniques de télédétection spatiale pour la cartographie et utilisant déjà largement les procédés de photogrammétrie.

D’ailleurs ne venaient-ils pas de former l’année précédente le GRGS (Groupe de Recherche de Géodésie Spatiale) dont une partie alla par la suite s’installer à Toulouse aux cotés du CNES.

C’est ainsi que fut crée en 1973 non pas un laboratoire mais un GIE (Groupement d’Intérêt Economique) – la première filiale du CNES – qui allait s’appeler GDTA (Groupement pour le Développement de la Télédétection Aérospatiale) dans lequel le CNES et l’IGN allaient partager à égalité cette nouvelle filière d’application spatiale.

Des Philippins, les premiers élèves                                                  du GDTA (1974)Ce fut tout naturellement A. Alouges, de la direction des programmes, qui en devint l’administrateur et sans hésiter je le suivis dans cette nouvelle filiale en étant son adjoint technique.

Nous sommes d’abord restés dans nos divisions d’origine mais une fois décentralisés à Toulouse en septembre 1974 nous nous installâmes dans une petite maison, pas encore démolie et située derrière le bâtiment Fontenelle. Cette vieille maison d’habitation avait survécu aux travaux de construction du CST et fut notre premier refuge pendant deux ans. Ensuite nous fûmes logés à l’extérieur du CST en partageant un nouveau bâtiment du CESR.

Par la suite trois autres organismes ont rejoint le groupement et y ont apporté leurs propres compétences : le Bureau de Recherche Géologique et Minière, l’Institut Français du Pétrole et le Bureau pour le Développement de la Production Agricole.

1974 - L'équipe du GDTA sue le balcon de la très célèbre ancienne villa de Michel Deschamps

Les quatre grandes missions du GDTA

Bref, le GDTA devenait ainsi une véritable fourmilière menant de front quatre sortes d’activités.

Tout d’abord nous menions un programme de recherche animé par les représentants des organismes avec la participation de quatre ou cinq thésards. Nous harmonisions l’activité des cinq organismes pour des actions très spécifiques telles que l’utilisation des données multi-spectrales dans le visible et le proche infrarouge et aussi quelques données radar. Mais bientôt l’accent fut mis sur le visible multi-spectral et en particulier un programme de simulation du satellite SPOT qui a permis aux futurs utilisateurs de se familiariser à l’exploitation des données qui allaient leur être fournies dix ans plus tard, mais surtout de valider le choix des bandes spectrales et la résolution spatiale du satellite en cours de développement sous maitrise d’œuvre du CNES. Ce programme avait pour but de mieux faire connaitre les possibilités de SPOT tant en France qu’à l’étranger : des opérations de simulations ont été réalisées en Europe, mais aussi en Afrique (Sénégal, Haute Volta, Mali, Niger) et au Bangladesh et même en Inde.

D’autres domaines de recherche furent aussi explorés : utilisation thermographique multi-spectrale, exploitation multi-temporelle des données, utilisation des données radar : radar aéroporté, scattéromètres sol, participation au programme SIR-A de la NASA (première charge utile de la navette..!).

 

La seconde activité du GDTA nous la devions à notre statut de GIE : la commercialisation des données et des services. Cette structure nous permettait de répondre à des appels d’offre et de réaliser des travaux de télédétection à la demande de sociétés privées ou institutionnelles, nationales ou internationales : assistance technique, réalisation de campagnes aéroportées, traitement de données et… la formation. Dans cette activité, notre responsable administratif et financier, H.Verrier, joua un rôle très important pour la réussite de nos projets.

 

La troisième grande activité fut en effet la formation c'est-à-dire l’organisation de cours de télédétection pour des personnes désireuses d’apprendre à utiliser les nouvelles méthodes d’observation de la terre par satellite. Les tout premiers étudiants que nous eûmes furent un groupe de quatre Indonésiens envoyés et financés par le Ministère de la Coopération. A Toulouse cette activité de formation se développa à grande vitesse car de plus en plus d’utilisateurs voulaient être formés. Elle fut organisée en étroite collaboration avec l’ENSG (Ecole Nationale des Sciences Géographiques) de l’IGN. Nous avions des modules de formation de tailles adaptées à la demande : CETEL(Cycle d’Enseignement de la TELédétection), SITEL (Stage d’Initiation à la TELédétection), RSTS (Remote Sensing Training Sessions) dispensés en langue anglaise, et le CRTO (Centre d’Enseignement de Télédétection de Ouagadougou) en Haute Volta..

 

La quatrième activité du GDTA fut celle de fournisseur de données de télédétection. En effet, une fois installés à Toulouse près du CST,  et peu de temps après le lancement de Landsat 1 de la NASA le 23 juillet 1972, c’est tout naturellement que le GDTA fut sollicité pour devenir le point de contact de l’ESA dans le cadre du réseau « Earthnet » et c’est G. Guepet qui en pris la responsabilité. A ce titre nous étions chargés de la diffusion des données Landsat.  De plus notre activité s’étendit à l’organisation et à la coordination d’opérations aéroportées de télédétection avec les moyens du CNES et de l’IGN au profit des utilisateurs toujours plus nombreux.

 

Nos outils

Notre instrumentation se développa. Nous avons fait l’acquisition d’un « scanner » (« balayeur » pour miss Blosset…) multi-spectral.

R. Aubinière, L. Blosset, J. CoulombNous avions eu deux propositions : Bendix et Daedalus. Le premier était une firme américaine bien connue, la seconde pas du tout. Mais c’est finalement vers le second que nous nous sommes orientés et nous n’avons jamais regretté ce choix car les techniciens de cette petite société américaine furent extrêmement coopératifs. C’est Goebbels dans l’équipe de Ph. Guérit qui mena toute la négociation.

Durant les premières années de fonctionnement, nous enregistrions un signal en analogique. Il est bien évident que le numérique commençait à pointer le bout de son nez. Arriva donc le moment où il fallut se résoudre à « numériser » le Daedalus.

Mais là aussi et grâce au CNES/CST tout se passa sans trop de difficultés et ce nouvel appareillage nous permis de nous lancer dans un programme de simulation du futur satellite SPOT.

Apres avoir exploré les domaines du visible (avec le Daedalus essentiellement) et de l’infrarouge (avec le Cyclope) nous avons aussi abordé le domaine des hyperfréquences.

SAR (Synthetic Aperture Radar) montée sous le fuselage du B-17Tout d’abord ce fut un SAR (Synthetic Aperture Radar), travaillant en bande X, qui fut montée sous le fuselage du B-17 grâce à N.Lannelongue et qui nous permis de réaliser de nombreuses campagnes de nuit comme de jour pour de nombreuses applications.

Nous avons eu aussi la chance de participer, en collaboration avec le JPL, aux premières missions de la navette spatiale américaine dans le cadre du projet SIR-A. C’est en participant au congrès IAF, qui se tenait en octobre 1976 à Los Angeles, que Charles Elachi me proposa de participer à ce programme.

Modèle aéroporté du radar SIR-A monté sur le Mystère 20 de l’IGNA cette époque C. Elachi était le directeur du programme sciences de la terre au JPL et il avait réussi à convaincre la NASA d’utiliser le second vol d’essai de la navette pour y monter son radar au lieu de partir avec une soute vide.

Charles ElachiEt c’est ainsi que la première mission scientifique de la navette eut pour thème l’observation de la terre à l’aide d’un radar latéral. Le GDTA fut partie prenante et nous avons eu la possibilité d’utiliser le modèle aéroporté de ce radar qui fut monté sur le Mystère-20 de l’IGN. Si vous êtes allés au musée de l’Air et de l’Espace à Washington, vous pouviez voir, il n’y a pas si longtemps de cela, une vidéo dans laquelle C. Elachi expliquait les résultats obtenus au cours de cette mission.

En ce qui concerne le traitement des mesures, nous avions à notre disposition les moyens des membres du GDTA, mais c’est au CNES que l’on s’employait à mettre au point des logiciels d’interprétation des données et des algorithmes. G. Saint joua un rôle important dans ce domaine en mettant au point des outils mathématiques et informatiques simples et fiables pour aider les utilisateurs dans leur travail d’interprétation.

 

La communauté des utilisateurs grandit

Entre 1972 et 1976 une quinzaine de campagnes aéroportées ont été réalisées et la communauté des futurs utilisateurs d’un programme spatial commençait ainsi à prendre forme.

Il est certain que ce sont les structures institutionnelles qui furent les premières à s’y intéresser, et cela peut se comprendre. Le secteur privé n’allait pas se précipiter et mettre en place des nouvelles méthodes de production basées sur un hypothétique satellite qui n’était même pas encore défini… Le seul que l’on pouvait utiliser s’appelait Landsat 1 et sa résolution au sol était peut être bonne pour les grandes exploitations américaines, mais pas très adaptées à nos petites exploitations agricoles !

 

Les bons souvenirs

Parmi les campagnes aéroportées certaines furent plus folkloriques que d’autres. Elles étaient menées de jour pour les capteurs travaillant essentiellement dans le visible et de nuit pour les autres (infrarouge, microonde). Pour les expérimentateurs français nous survolions des zones correspondant à leurs territoires de recherche. France Antilles    mars 1973C’est ainsi que nous avons fait beaucoup de campagnes depuis Montpellier, point stratégique pour survoler de jour comme de nuit le Languedoc, son littoral, mais aussi le Minervois, la basse Provence, les Maures et l’Esterel, etc.

En mais 1973 le directeur général du CNES, Michel Bignier, me demanda de monter une campagne en Guyane, beaucoup plus pour des raisons politiques que de recherche car nous n’avions pas encore d’investigateurs dans ces zones équatoriales. Il faut aussi dire que sur place, à Cayenne, se trouvait en permanence un B-17 de l’IGN pour des missions liées à l’activité du jeune Centre Spatial Guyanais.

Par exemple en 1968 j’avais dirigé la première campagne d’étalonnage de la station Diane de Kourou en utilisant cette fameuse forteresse volante. Par prudence je demandais aussitôt au service météo local de me fournir un rapport sur les conditions météorologiques. Et je découvrais alors que la ZIC (Zone Intertropicale de Convergence) se trouvait au dessus de la Guyane à cette époque de l’année et nos chances de pouvoir travailler dans le visible étaient assez compromises. Je me tournais alors vers l’INRA qui avait un laboratoire en Guadeloupe pour leur demander si une mission dans ce département les intéresserait, sachant que les conditions de visibilité y sont excellentes. Ce furent donc deux campagnes Outremer que l’on mena pour le bénéfice des chercheurs de l’INRA, du BRGM, de l’ORSTOM, etc.

 

La naissance de SPOT

Du coté CNES, il y avait aussi une grande agitation. Dés 1974 un avant projet de satellite d’observation de la terre était à l’étude au CST, mais c’est en 1977, c'est-à-dire un an après la fameuse crise du CNES qui avait abouti à la démission de son DG et le remplacement de son président, que les choses sérieuses commencèrent. C’est M. Cazenave qui fut le plus dynamique. C’est lui qui avait très vite compris au sein du CST tout l’intérêt de se lancer dans cette voie. Il faisait partie aussi du « Conseil Technique » du GDTA, groupe de personnes que nous réunissions régulièrement pour orienter notre travail et évaluer la progression de nos recherches. Michel Cazenave fut le premier responsable du projet SPOT au CNES. A ce titre il coordonna les études de « phase A » ayant abouti à la décision gouvernementale de réalisation du programme SPOT (1976-1978).  Apres plusieurs épisodes (y compris – pour faire vite – une proposition à l’ESA conformément à sa convention) la décision de réaliser SPOT fut prise par le gouvernement français en février 1978.

Michel Cazenave, eut non seulement la responsabilité technique de la charge utile embarquée mais assura aussi la coordination du projet « Segment Sol » en collaboration avec l’IGN.

 

Puis la naissance de SPOT IMAGE

En 1979 le CNES avait déjà bien avancé dans le développement du satellite SPOT-1 mais nous n’avions pas encore travaillé sur la question de la distribution des données qui allaient être recueillies par la station de réception d’Aussaguel. Le GDTA avait déjà l’expérience de la distribution des images Landsat, mais cette fois nous allions passer à l’échelle supérieure et il fallait réfléchir pour mettre en place une nouvelle structure permettant d’assurer la promotion et la vente des données SPOT. Pour moi la formule du GIE ne me semblait pas adaptée. J’expliquais à qui voulait m’entendre que SPOT-1 me faisait penser à l’autoroute alors en construction qui arriverait à coté du CNES et qui n’avait pas encore de portes d’accès pour desservir Toulouse! Avec SPOT on avait la même problématique : un engin qui coutait cher ne disposait pas de portes d’accès aux utilisateurs… Alors je créais le groupe GATES (Groupe Aval de Travail pour l’Exploitation de Spot) qui fut aussitôt composé des membres du Conseil Technique du GDTA que je dirigeais à l’époque. En 1979 durant deux journées de travail ce groupe s’est réuni dans le Lot près de notre maison de campagne pour finaliser un rapport définissant les bases pour la création d’une société anonyme chargée de commercialiser les données SPOT et de mener des actions promotionnelles nécessaires au développement de ce nouveau marché. Ce rapport qui définissait la structure et les moyens à mettre en œuvre et les investissements nécessaires fut envoyé aux quatre membres du GDTA (l’IFP et le BRGM ayant rejoint notre GIE) et en particulier au DG du CNES qui était le plus concerné. Nous attendîmes six mois pour avoir une réponse… Elle arriva enfin pour nous dire que c’était la bonne solution et qu’il convenait de démarrer au plus vite. Ce fut d’ailleurs à l’occasion d’un comité de direction du GDTA tenu le 29 octobre 1980 à l’IFP (ces comités se tenaient à tour de rôle chez chacun des membres du GIE), dans le petit pavillon de l’impératrice Joséphine situé dans le parc, que fut retenu le nom de cette nouvelle société « SPOT-IMAGE ». Mais il fallut attendre un an, le 15 octobre 1981, pour avoir l’autorisation du gouvernement pour que puisse être créée cette société avec nos partenaires du GDTA.

J’en assurais l’administration durant les premiers mois avant que G. Brachet en prenne la direction définitive.

 

La formation des futurs « clients » SPOT devient une priorité

Comme cela a été souligné plus haut, une mission importante du GDTA fut la formation. Avec l’aide de l’ENSG, et surtout de son directeur M. Charbonnel, nous avons organisé des formations allant de cycles courts jusqu’aux cycles longs. Nous avons aussi organisé, à la demande du Ministère de la Coopération un centre de formation à Ouagadougou qui a fonctionné pendant de nombreuses années. De très nombreux étudiants français mais aussi beaucoup d’étrangers furent ainsi formés et je dois dire que c’est une grande satisfaction de savoir que grâce à cet enseignement nous avons participé au rayonnement de la France. Pour la petite histoire et avec le recul, je me suis toujours demandé ce qu’était devenu un groupe d’Irakiens que nous avions eu plusieurs mois en formation, dont un colonel de l’armée de Saddam Hussein…

 

Et toutes les occasions sont bonnes pour promouvoir SPOT

Le GDTA a  aussi beaucoup participé à la promotion des activités spatiales. Rappelons qu’à cette époque l’importance du spatial dans la vie quotidienne n’était pas encore reconnue par le grand public, et même par le politique qui votait nos budgets…. Le cout du développement du futur lanceur Ariane1 faisait grincer des dents, il fallait donc être convainquant aux yeux des contribuables pour justifier nos budgets. Aussi, chacun dans son domaine, nous étions souvent sollicités pour faire des conférences à droite et à gauche. Les rencontres les plus sympathiques s’effectuaient dans le cadre des soirée-débats, intitulées « Un Espace Utile », organisées par le CNES dans les grandes villes de France pour faire connaitre les enjeux de l’espace auprès du grand public. (Certains détracteurs ne manquèrent pas de nous demander s’il n’y aurait pas aussi un « espace inutile »…). Cela nous amena à Nantes, Nice, Montpellier, Dijon, Poitiers, etc. et même à Toulouse devant 800 personnes. Sur l’estrade, autour du président du CNES, nous étions six ou sept à faire la promotion des activités spatiales en nous efforçant de justifier l’engagement financier que cela représentait pour que la France soit à l’avant-garde, tout au moins en Europe. Chacun de nous présentions sa spécialité : le lanceur Ariane, les télécommunications, la médecine spatiale, l’astrophysique, et moi la télédétection spatiale. Pierre Bellemare fut l’animateur de ces premières soirées, par la suite Alain Jérôme prit le relais.

Mais l’une des conférences dont j’ai gardé le meilleur souvenir fut tenue au congrès « Espace et Civilisation » organisé du 7 au 9 juin 1978 à Lyon  par celui qui s’était fait le chantre de la conquête spatiale, le célèbre Albert Ducrocq. Ce grand journaliste scientifique avait déjà publié un ouvrage en 1970 intitulé « L’espace au Service de la Terre » dans lequel il prédisait un développement fulgurant de l’espace au service des sciences de la Terre. Au cours de l’exposé que je fis dans la session « Observation de la Terre », j’avais invité mon ami le Dr Larry Morley, alors directeur du Centre Canadien de Télédétection, à participer en duo avec moi. A l’époque il n’était pas question de Skype, ni de téléconférence, alors je lui ai demandé de m’envoyer ses diapositives pour les mélanger avec les miennes et par liaison téléphonique nous avons réussi à faire cet exposé ensemble, lui depuis son bureau de Ottawa et moi sur l’estrade. Dans Air et Cosmos de la semaine suivante un bel article ventât l’exploit de la « première téléconférence » entre Canada et la France… !

C’est également à cette époque que fut réalisé le très beau film « La télédétection, un nouveau regard sur la Terre » sorti en 1979 et qui reçu un prix au festival de Biarritz. Cela me fut très facile de préparer le scénario de ce film dans la mesure où texte et images, étaient déjà préparés pour faire mes conférences.

A la fin des années 70 tous les pays commençaient à s’intéresser à la télédétection spatiale. Je me rendis ainsi dans beaucoup de pays pour présenter le programme français d’observation de la terre (Canada, Japon, Pologne, Espagne, Thaïlande, Italie, etc.).

En octobre 1973 le CNES me demanda de participer au congrès IAF qui se tenait à Bakou en Azerbaïdjan. Je compris vite que c’était un forum international de grand intérêt pour confronter les idées et les projets. Dans ce monde qui allait évoluer à grande vitesse, il était plus que souhaitable de lever un peu la tête de son guidon pour voir ce qui se passait dans le reste du monde. Dès 1974, avec des amis qui participaient au congrès IAF suivant, je proposais que l’on ajoute au programme deux puis trois puis quatre sessions « Space Remote Sensing » et c’est ainsi que naquit le comité IAF consacré à cette discipline que je présidais durant dix ans.

En France nous avons organisé des rencontres annuelles pour que les investigateurs de notre programme de recherche puissent présenter les résultats de leurs travaux. Ces symposium du GDTA étaient de plus en plus courus et commençaient à avoir une audience internationale.

Le point culminant fut celui que j’organisais en 1982 en tant que président de la commission « Télédétection » de l’ISPRS. ISPRS Octobre 1982: J. Brachet, L. Laidet, X, Y, J.C. Husson

En 1980 on m’avait demandé en effet de participer à cette société savante dont je ne connaissais pas encore l’existence. Je m’étais rendu à Hambourg à l’occasion du congrès qui se tenait tous les quatre ans et on me demanda de prendre la présidence de la toute nouvelle commission VII, « Remote Sensing », qui venait d’être créée à cette occasion par son nouveau président Fred Doyle de l’USGS. Fred était le père de la caméra métrique, responsable de la cartographie de la Lune pour des missions Apollo, et aussi (mais je le découvris bien plus tard) responsable de l’optique du projet Corona, premier satellite espion de la CIA. C’est dans ce cadre que je fus amené à organiser au centre de congres de Toulouse en septembre 1982 le symposium de la Commission VII qui rassembla  sept cents participants venus de soixante pays. C’était la première fois qu’un si grand rassemblement était organisé en Europe dans cette discipline. Ce fut une semaine exceptionnelle d’échanges et de rencontres que j’ai organisé avec A. Baudoin, en s’appuyant sur la superbe équipe de C. Laverlochère du CNES.

Mais un petit incident diplomatique faillit faire capoter la cérémonie d’ouverture…

Le drapeau de l'ONU à ToulouseEn effet, dix minutes avant l’ouverture du congrès en présence du maire de Toulouse (P. Baudis), ma secrétaire vint me chercher pour me montrer du doigt un groupe de quatre chinois, reconnaissables par leur tenue maoïste, raide comme des piquets et regardant la façade. « Ils ne veulent pas rentrer parce qu’il y a le drapeau Taïwanais » me dit-elle.

J’avais fait mettre en effet sur le fronton les soixante drapeaux correspondant à la soixantaine de délégations qui participaient au congrès. Me retournant vers mon vieil ami Fred Doyle, celui-ci me dit : « Louis, pas de problème, tu fais enlever le drapeau Taïwanais, ceux-ci sont coutumiers du fait, et tes chinois entrerons…»

Deux minutes plus tard, ma secrétaire revient et me fait remarquer la délégation taïwanaise plantée dehors qui refusait à son tour de rentrer…

Je me précipite dehors et supplie les cinq représentants d’entrer et de me faire confiance car j’allais faire quelque chose pour arranger ça. Je donnais l’ordre aussitôt d’enlever tous les drapeaux et de les remplacer par autant de drapeaux français. Le lendemain la Dépêche du Midi titrait : « Le drapeau français est devenu le drapeau de l’ONU.. ! ».

 

Il est temps de passer la main…

En effet, dix minutes avant l’ouverture du congrès en présence du maire de Toulouse (P. Baudis), ma secrétaire vint me chercher pour me montrer du doigt un groupe de quatre chinois, reconnaissables par leur tenue maoïste, raide comme des piquets et regardant la façade. « Ils ne veulent pas rentrer parce qu’il y a le drapeau Taïwanais » me dit-elle.

J’avais fait mettre en effet sur le fronton les soixante drapeaux correspondant à la soixantaine de délégations qui participaient au congrès. Me retournant vers mon vieil ami Fred Doyle, celui-ci me dit : « Louis, pas de problème, tu fais enlever le drapeau Taïwanais, ceux-ci sont coutumiers du fait, et tes chinois entrerons…»

Deux minutes plus tard, ma secrétaire revient et me fait remarquer la délégation taïwanaise plantée dehors qui refusait à son tour de rentrer…

Je me précipite dehors et supplie les cinq représentants d’entrer et de me faire confiance car j’allais faire quelque chose pour arranger ça. Je donnais l’ordre aussitôt d’enlever tous les drapeaux et de les remplacer par autant de drapeaux français. Le lendemain la Dépêche du Midi titrait : « Le drapeau français est devenu le drapeau de l’ONU.. ! ».

Signature de l'accord Topex-Poséidon à la NASA  - (De gauche à droite: F. D'Allest, Louis Laidet, J. Beggs, X )Le lancement de TOPEX-Poseidon eut lieu le 11 aout 1992 à Kourou. A cette occasion on espérait encore convaincre les responsables du Département de la Défense, d’utiliser nos moyens de lancement pour des satellites militaires. Aussi avec l’aide d’Arianespace nous avons loué un Learjet pour amener le général M.Faga, alors haut responsable des activités spatiales du DOD, au lancement de Topex-Poseidon. Nous avons également amené deux Congressman. Le tir fut parfait, la visite du CSG excellente, l’accueil à Kourou chaleureux, mais cela n’a pas suffi à faire fondre la réserve de ces messieurs. Vingt ans après leurs positions n’ont pas changé… !

 

Et pour conclure

Bien avant le lancement de SPOT-1, qui aura lieu le 22 février 1986, ces douze premières années, prémices de la télédétection spatiale en France furent vécues avec plein d’enthousiasme et d’excitations. Tout était à défricher, tout était à découvrir et en plus de cela il fallait convaincre que nous faisions les bons choix. Mais surtout il s’agissait d’un projet spatial qui allait servir une multitude de sciences de la terre. On travaillait ainsi à mieux connaitre notre planète, celle sur laquelle nous vivons, mieux en connaitre sa respiration, ses faiblesses, sa beauté. Ce furent les meilleures années passées au CNES et il faut remercier nos dirigeants, et en premier lieu R. Aubinière et M. Bignier, d’avoir compris tout l’intérêt de ce programme et de nous avoir permis d’avancer en nous faisant confiance.

 

Références

- La télédétection des Ressources Terrestres – Journées d’études du CNES – 26 au 27 octobre 1971

- La télédétection des ressources terrestres [La Recherche Spatiale N° 4 volume XII – juillet-aout 1973]

- Actes du Symposium international de la commission VII de l’ISPRS – Toulouse 13 au 17 septembre 1982

- Journées de Télédétection GDTA [Saint-Mandé 21 au 23 septembre 1977]

- Remote Sending Development in France [L.Laidet – GDTA  – Tokyo Novembre 1µ978]

-  Société Française de Photogrammétrie [Bulletin N°55 Juillet 1974]

- Journées de Télédétection du GDTA – Toulouse 26-28 octobre 1976

- Photographie aérienne et télédétection – La Documentation Française N° 6014-1974

- Etude d’un Centre Utilisateur SPOT – groupe GATES – GDTA Juin 1979

 

 

 

 

La Préhistoire de la Télédétection

 au CNES

 

par

 

Louis Laidet