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Parallèles et Controverses
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J. P. Guinard
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Bravo pour le document de Saint-Etienne, son témoignage est intéressant dans la mesure où, de son poste d’observation, en dehors de la Sous-Direction Technique, il fait une relation de ce qui s’est passé en 1968-1969.
J’ajouterai donc quelques commentaires personnels sur le document de Jean.
Je n’ai pas ressenti la secousse de mai 68 comme lui ; je n’ai pas assisté aux réunions de commissions et me souviens de mai 68 surtout
par ... l'extérieur : |
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1-Notre ancien propriétaire à Mennecy est mort début mai... juste avant que la grève des Pompes funèbres n’oblige sa fille à garder son cadavre pendant de longues semaines...
2-Nous avions acheté à crédit un appartement à Concarneau, qui devait être livré pour les grandes vacances ; début mai, nous avions reçu une attestation accompagnée d’une facture, une étape de travaux étant achevée, mais ... pas moyen de payer : le CNES, l’Education Nationale, les Banques, tout était en grève : c’est alors que ma belle-mère a sorti son ... argument : pour financer ses obsèques, elle avait mis de côté une somme en liquide...
3-J'ai le souvenir de... la Sorbonne et du Théâtre de l’Odéon, où j’étais... |
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De l’intérieur,
j’ai surtout le souvenir que quelques-uns voulaient une promotion à cette occasion, mais n’en ai pas tenu compte. Une partie de l’explication résultait de ce que l’ensemble de la Sous-Direction technique avait beaucoup de travail et – somme toute, nous avons été très innovants...(cf. chronologie Symphonie)
Bravo aussi à Jean pour sa défense de Pierre Chiquet : s’il n’avait pas été là (Aubinière l’appelle “le réalisateur” ; il fut aussi un grand visionnaire (Kourou, Toulouse...), je pense que le CNES serait très différent de ce qu’il est aujourd’hui.
En particulier, il n’y aurait pas Ariane et Kourou et...quelques satellites d’application, qui me paraissent constituer certains des points forts de l’Europe spatiale d’aujourd’hui...
Quant à Toulouse, je peux témoigner de son engagement .... |
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Quant à l’opinion de Jean sur Xavier Namy, je ne la partage pas : |
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au plan technique,
il faut lui rendre l'essentiel : il a fait faire un bond considérable aux méthodes et aux technologies au CNES, dans l’industrie spatiale nationale et même européenne ; il a généré un esprit de rigueur qui – me semble-t-il – perdure au CNES et s’étend à toute l'industrie ; partant d’une conception aristocratique des relations sociales souvent perturbante, il a lancé l’industrie nationale dans les techniques de base des satellites, scientifiques et d’application,
au plan politique,
il n’a pas pu s’opposer au changement apporté par la mise sur pied de la Direction des Programmes, en 66, qui a lancé le CNES dans les applications et l’internationalisation européenne, puis, en défendant D2B, vers la défense de la communauté scientifique et de l’industrie nationale.
Mais peut-on le lui reprocher ?
Nous n’étions qu’embauchés provisoirement.
Aubinière a été très franc là-dessus, j’ai été étonné de... son étonnement quand il a appris la décision... qui couronnait la politique voulue par lui, et qui était une conséquence de l’orientation “Programmes”.
J’ajoute qu'en 69, après l’alunissage de Aldrin, tout le monde (y compris les USA) s’est désintéressé des questions spatiales à un degré inattendu...
Pierre Chiquet s’est solidarisé avec Namy à la suite de la décision d’Aubinière de choisir D2B sous maîtrise d’oeuvre Matra...
Aussi, je regrette que la mémoire de leur action soit rejetée (par les Anciens du CNES entre autres) au motif que depuis, Pierre a commis quelques écrits, que j’estime exagérés et même insultants pour certains... Xavier Namy restant en dehors de l’espace public. |
Plus simplement, je pense qu’Aubinière a choisi temporairement (Aubinière nous avait prévenus dès l'embauche : nous devrions partir dès que le CNES serait devenu adulte) des hommes à vocation industrielle pour constituer un noyau de maîtrise d’oeuvre de satellites et accélérer le processus de modernisation de l’industrie.... mais il avait dès le début d’autres ambitions, plus politiques... il n’y a rien à dire à cela, nous étions prévenus.. |
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Aussi, j’ai ressenti la crise de 69 comme la fin d’une époque de la vie du CNES : fin de l’épisode préliminaire et transformation du CNES en représentant de l’Etat dans tous les programmes spatiaux, y compris européens. De fonctionnaires (ou assimilés), nous devions retourner à l’industrie (privée), dont nous venions.
Notre formation nous orientait dans ce sens.
C’est pourquoi j’ai été stupéfait de constater que la nouvelle Direction (Claverie) nous remplaçait selon les mêmes définitions de postes, alors qu’une compression d’effectif eut été souhaitable à mon sens... au moins un changement de profils. |