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Dans la décision de partir, les motifs de chacun ont été différents , et pour moi en tout cas, les motifs suivants sont à l’origine de ma décision : |
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Il n’y avait pas de lanceur pour lancer nos satellites
(ELDO était un échec, Ariane n’existait pas, et je ne pensais pas qu’il soit possible de redresser la barre, compte tenu de l’attitude du Gouvernement entre autres). Quant à Diamant B...il constituait une faible consolation, alors que les Américains nous faisaient la leçon Symphonie... Pourtant, je ne croyais pas à la navette spatiale (dont les spécifications de l’époque – et le budget - étaient tels que les opérations de maintenance devaient avoir lieu tous les 40 vols...)
Le budget de la Division dont j’étais responsable (Systèmes et Projets Satellites)
est tombé en gros de 100 à 1 de 66 à 69 : je ne voyais aucun avenir au CNES avant au moins 10 ans dans les maîtrises d’oeuvre de satellites (ce que je savais faire) ... et dix ans cela apparaissait long dans la vie d’un ingénieur... et même, je pensais que le CNES devrait céder la place à l'ESRO : n’était-il pas le seul à avoir un statut type NASA en Europe ?
Sur un plan familial et personnel,
je préférais rester en région parisienne : originaire du Centre Bretagne, j’avais déjà quitté une première fois mon douar d'origine ; la région parisienne pouvait absorber plus... pourtant, les premiers bâtiments du Centre à Toulouse portent ma marque (dont je ne suis pas fier d’ailleurs...). |
Aubinière était devant un choix cornélien : ou bien passer l’ensemble D2B à Matra pour un prix élevé, ou bien nous laisser le faire pour un prix deux fois moindre, (mais qui ne comprenait pas le temps personnel (pendant les vacances 69, j’avais été chargé de lui présenter la note) ; nous ne croyions pas beaucoup à D2B (qui nous semblait être un prétexte pour satisfaire les scientifiques et conforter le plan de charge de Matra) et lui opposions un projet, encore peu avancé, GEOLE, qui attisait les imaginations.
Aubinière a argué que nous faisions du dumping, je pense qu’il était influencé par Lagardère.
En tout cas, le CNES a tout perdu : D2B n’a pas fait une carrière remarquable, quant à GEOLE... il aurait pu .... tu le sais mieux que moi.... devenir GALILEO ! |
En tout cas, c’est le choix d’Aubinière qui a été la cause immédiate de notre départ (Je me souviens d’avoir été convoqué ainsi que tous les Chefs de Division et les Chefs de Projet présents par la secrétaire de Namy, un beau matin, au 1er étage du Lagrange).
Là, Chiquet nous a exposé la décision d’Aubinière.
Plusieurs remarques ont été faites, je ne me souviens que de celle-ci, dans la bouche du plus sage d’entre nous, Bernard Estadieu : « Il n’y a plus qu’à chercher du boulot ailleurs... » |
Jean dit aussi que personne n’a réussi à se recaser dans le privé : j’ai pu en constater la cause en revenant à mon douar d’origine, CSF devenue Thomson entre temps : faute de projets, il fallait réduire les effectifs travaillant sur les satellites dans l’ensemble de l’industrie.... ;
aussi, j’ai quitté le secteur spatial considérant qu’il ne pouvait me nourrir, alors que les méthodes pouvaient être bénéfiques aux autres secteurs... |
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