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  Transfert de Fusées-Sondes à Toulouse
 
    Paul Béchereau
 
 
 

Pour les pionniers des "Fusées-Sondes", le déménagement de Brétigny-sur-Orge à Toulouse ne s'est pas exactement passé dans l'euphorie.
Chargé d'organiser la décentralisation de cette division du C.N.E.S., Paul Béchereau avait connu des lancements de fusées, au Centre Interarmées d'Essais d'Engins Spéciaux, à Colomb-Béchar, en Algérie, bien avant que ne soit créé le Centre National d'Etudes Spatiales. Il se souvient des problèmes d'installation à Toulouse.
"Jusqu'en 1967, l'enthousiasme, l'efficacité, le dynamisme, animaient le C.N.E.S., entièrement fondé sur les fusées-sondes, qui en constituaient le noyau central. A ce moment, d'autres activités sont apparues, se sont développées, les lanceurs, autour de la fusée Diamant et les satellites.
Dans le même temps, on créait le Centre Spatial Guyanais. Des problèmes financiers se faisaient jour, inspirés, essentiellement, par les échecs répétés du lanceur Europa.
Tout à coup, il a fallu se rendre à l'évidence; de quasi-unique, l'activité fusées-sondes devenait un élément du C.N.E.S. parmi d'autres; et elle n'était pas porteuse d'avenir. La désillusion a été grande.
On ne demandait même pas, malgré toute l'expérience qu'ils avaient dans ces domaines, à nos spécialistes des fusées d'en faire profiter la division Lanceurs, ni à ceux des pointes d'aider à démarrer l'activité satellites.
Avoir été des pionniers et se retrouver sur la touche, à l'écart de ce qui, on le sentait bien, ferait l'espace, demain, c'était très dur.
Et tandis qu'à Fusées-Sondes nous nous demandions si nous avions encore une raison d'exister, s'effectuait la décentralisation. L'état d'esprit, parmi nous, n'y était pas très favorable.
On nous demandait de partir de Paris les premiers, de nous éloigner du centre de décision, au moment où se jouait l'avenir: il n'était pas aisé de s'y résoudre.
Certains, d'ailleurs, ont refusé.

L'aventure aux portes de l'espace
Il faut dire que travailler dans la division "Fusées-Sondes et BalIons" jusqu'à cette époque, était exaltant.
D'abord parce qu'on avait la chance extraordinaire de vivre avec des hommes d'exception tel Bernard Golonka, le chef de la division. Humaniste, proche des gens, il faisait partie de la toute première équipe du C.N.E.S. choisie par le général Aubinière.
L'aventure, alors, n'était pas un mot vide de sens. On voyageait beaucoup, à "Fusées-Sondes", les lancements ayant lieu en Islande (1965), en terre Adélie (1966), en Argentine (1967), aux iles.Kerguelen (la première campagne en 1968) et bien sur, en Algérie.
On apportait, sur ces bases éloignées, les fusées, les pointes, les laboratoires, les équipements, parfois une rampe de lancement mobile, et une station d'émission et de réception.

 
Maître d'œuvre de l'engin, le C.N.E.S. passait des contrats avec les industriels pour qu'ils mettent au point les équipements de télémesure, de télécommande et, éventuellement, de récupération, qui allaient être embarqués.
• Une campagne "fusées-sondes", c'était, un mois durant, sur un site extérieur, quinze à vingt personnes travaillant et vivant ensemble.
• Chacun avait un domaine de responsabilité et d'activité très large, ce qui lui laissait beaucoup d'initiative. Régnaient en maîtres, alors, les notions d'équipe et d'efficacité. Et chacun avait le plus grand souci de l'image de marque du C.N.E.S. dont il était le représentant.
A la première famille, qui nécessitait jusqu'au dernier moment un maximum de précautions et de contrôles, appartenaient les fusées du type "Véronique", hautes de 9 mètres, qui emportaient quelque 100 kilos à une altitude de 200 kilomètres, et "Vesta", plus importante. Utilisant la poudre, nous avions la série des"Centaure", "Dragon", "Dauphin", composées de deux étages modulables, et emportant 100 kilos au-dessus de l'atmosphère, pendant quelques minutes.Avant la campagne, nous fabriquions, intégrions, effectuions des simulations de vol, au cours de répétitions au sol.
Pendant la campagne, il fallait tout déballer, remonter la fusée, la pointe, leur faire subir à nouveau des essais, assembler, contrôler ...

Pour ou contre les hangars
Pourtant, à Toulouse, les meilleures conditions d'accueil étaient réunies pour Paul Béchereau.
Il avait trouvé sur le site du C.S.T. l'unité pilote et, en cours d'achèvement, le bâtiment qui allait héberger la division fusées-sondes. Il a tenté, en vain, de faire modifier le dessin des fenêtres, qu'il trouvait "vraiment trop étroites".
L'environnement offrait un contraste choquant avec Brétigny où les bâtiments, très agréables, étaient séparés par de petits bois et entourés de gazon toujours vert.
"Il a fallu déterminer l'emplacement de chaque prise, de chaque cloison, en fonction de la destination précise des lieux, définir précisément les besoins en énergie, en équipements. Cela n'a été possible que par un maquettage extrêmement minutieux. Mais cela ne suffisait pas.
J'ai du me battre pour que l'extension prévue du bâtiment soit réalisée: le premier directeur du centre, qui d'ailleurs n'y est jamais venu, trouvait cette aile inesthétique.
De même, il ne voulait pas entendre parler de hangars. Alors que ceux-ci nous étaient indispensables pour abriter notre base mobile et ses équipements particuliers, au nombre desquels les rampes de lancement.
Finalement, on a fait trois hangars: deux pour les rampes, un pour y réaliser tous les essais. Un chemin de câbles, enterrés, les reliait au bâtiment: les pointes nécessitaient un environnement climatisé, impossible à réaliser sous les hangars, et devaient, évidemment, se trouver en liaison permanente au cours des répétitions, avec les rampes de lancement.
Aujourd'hui, à part le chemin de câbles, tout a disparu, transformé. Le hall lui-même du bâtiment original a été cloisonné.
Quant au déménagement, il s'est fait en un week-end, sans aucune difficulté: nous avions une grande habitude du transport de matériels fragiles. Des accompagnateurs ont suivi chaque action, à tout moment.
Comme s'il s'était agi d'une campagne de tir."

Interview de Mireille HARRBURGER.
Publication CNES (non datée)
 
 
   
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Pas fou le Directeur...
Il savait...

Il a donc tout décidé puis il n'est jamais venu à Toulouse.