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Les expériences du CERMA sur les animaux

 

Rédacteur : Jean-Paul GICQUEL

 

1. Contexte

Après les premiers succès de lancement de fusées sondes, naquit l'idée d'entreprendre, comme les Soviétiques et les Américains, des études biologiques dans l'espace. Le programme fut lancé, dès 1959, par le Comité d'Action Scientifique de la Défense Nationale, dont le Sous-Comité Programme Scientifique de Recherches Spatiales déterminait les études à pratiquer et en assurait le financement. A partir de 1962, ce fut le CNES nouvellement créé, qui prit en charge ces recherches.

Le Centre d'études et de recherches de médecine aéronautique (CERMA) qui avait acquis à la suite des travaux entrepris pour le compte de l'aéronautique, un savoir-faire opérationnel que ne possédaient pas les laboratoires universitaires, et qui disposait également de moyens adaptés (centrifugeuse, caissons d'altitude etc.) était l'établissement le mieux préparé à cette époque, pour proposer et mener à bien un projet de biologie spatiale.
Le médecin général Grandpierre, professeur à la faculté de médecine de Nancy, en était le directeur. Du fait de sa notoriété incontestée dans le monde scientifique médical, il fut chargé de coordonner l'ensemble des expériences biologiques devant être entreprises avec les fusées sondes.


Vesta au décollage

Le projet proposé par le CERMA était particulièrement ambitieux. Il consistait à tirer profit d'une situation où l'on disposerait d'une période d'absence de pesanteur de plusieurs minutes, pour étudier le rôle du facteur gravitationnel dans les mécanismes de l'équilibration.
Un tel objectif était dans la droite ligne des recherches effectuées dans les laboratoires de neurophysiologie de l'époque où l'on tentait d'élucider les mécanismes d'intégration des perceptions sensorielles et le rôle joué par le système vestibulaire, le cortex et la réticulée. La suppression de la pesanteur allait permettre une approche particulièrement originale, qui ne pouvait être réalisée dans les laboratoires terrestres.
Au plan pratique, ce projet s'inscrivait dans les travaux préliminaires à l'envoi de l'homme dans l'espace.


Récupération d'un rat (1962)
Commandant Brice et capitaine Chatellier .
(voir le site du docteur Gérard Chatelier )

Les fusées mises à la disposition du CERMA étaient des Véroniques AGI et des VESTA construites par le Laboratoire de Recherche Balistique et Aérodynamique (L.R.B.A.) et choisies pour leur mode de propulsion à propergol liquide qui n'induisait pas d'accélération de niveau incompatible avec l'emport d'animaux. Elles présentaient par ailleurs des performances qui, compte tenu de la masse de la charge utile, offraient une durée de vol balistique suffisamment longue. Chaque expérience impliquait la récupération de l'animal vivant et en bon état de santé

2. Expériences


Martine et d'Henri Hollander

Au total, sept expériences furent réalisées, de 1961 à 1967, au cours de quatre campagnes de lancement qui se déroulèrent sur le champ de tir d'Hammaguir. Après la première expérience, afin de minimiser les conséquences d'un éventuel échec de tir, le CERMA décida de préparer et de lancer deux pointes identiques à chaque campagne.
Compte tenu du volume disponible, les animaux d'expérience devaient être de petite taille. On utilisa le rat blanc puis le chat et ensuite un petit singe.
La première expérience avait pour objet d'analyser les réactions végétatives réticulées et corticales sur un rat. Elle fut suivie de deux autres de même type dans le but de confirmer les informations acquises.
Avec les chats, les conditions générales de l'expérience étaient les mêmes que pour les rats mais les enregistrements devaient être plus complets. L'étude portait sur l'activité électrique spontanée et provoquée au niveau des différentes structures cérébrales. Tout au long du vol, à intervalles irréguliers, l'animal était stimulé au niveau d'une patte antérieure, par une légère impulsion électrique (étude du potentiel évoqué somesthésique) .
Chez le singe placé en état de non-pesanteur le but de l'expérience consistait à obtenir un travail psychomoteur conditionné précis et un enregistrement de l'activité spontanée du cerveau.